D'AESI en Sciences à Director Commercialisation International

 

Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?

Je m’appelle Christophe Thiange, j’ai 43 ans et je suis papa de trois enfants. Actuellement, je suis « Directeur Commercialisation Internationale » au sein de Regeneron, une entreprise spécialisée en Biotechnologie, composée de 15 000 personnes et dont le siège se situe à New-York.

Qu’est-ce qu’un « Director Commercialisation International » ?

Mon travail consiste à créer et à lancer des filiales dans différents pays.

Regeneron est une entreprise américaine et jusqu’en 2021, elle ne disposait pas de filiales. Nous fonctionnions donc essentiellement via des partenariats, que ce soit pour la production ou la distribution de produits, dans les différents pays où nous n’étions pas présents. En effet, des usines de biotech, c’est onéreux et extrêmement complexe à construire, il faut aussi des volumes très importants. C’est pourquoi, par exemple, durant le Covid, nous avons développé un traitement en partenariat avec l’entreprise Roch car nous avions besoin de leur bioréacteur pour la production mais aussi de leur réseau de distribution. L’idée, c’est qu’à terme, nous puissions le faire nous-même…


D’où l’importance des filiales…

En effet. Depuis 2021, nous avons déployé 10 filiales dans différents pays comme l’Allemagne, le Japon ou encore le Canada.

Pour ce faire, je pars d’une feuille blanche et porte le projet de A à Z. C’est un travail qui se veut à la fois très stratégique puisqu’il y a énormément de réflexions concernant la création de la filiale que ce soit au niveau du statut, des organigrammes, du budget. Il peut également être très opérationnel comme le choix des locaux et des meubles. C’est donc très varié, je dois toucher à de nombreux domaines comme le marketing, la finance, le droit, les RH. Je dis souvent que je suis un peu comme un médecin généraliste, je fais un peu de tout mais je ne suis expert en rien. C’est pourquoi, pour certains domaines de compétences, nous sommes accompagnés par des cabinets experts. Lorsque la filiale est lancée, je me retire et l’aventure reprend dans un autre pays.

C’est un travail qui semble demander une forte flexibilité ?

Effectivement. De 2018 à 2021, je vivais à Londres (en provenance de Suisse) où j’y ai vécu le Brexit. J’ai déménagé en pleine pandémie avec mes trois garçons en Allemagne.  Je voyage beaucoup mais grâce aux moyens de communications actuels comme Teams, nous tentons de travailler un maximum à distance. Mais parfois, le contact humain est essentiel surtout pour des pays culturellement très sensibles à cela comme le Japon.

Depuis quelques temps, je me pose un maximum car mes enfants grandissent. C’est pourquoi, j’ai choisi l’Allemagne puisque je suis à côté de la France et de la Suisse. Ce sont des pays avec de fortes opportunités au niveau pharmaceutique notamment avec les entreprises Novartis, Bayer, Roche. J’ai encore pas mal de choses à apprendre et stratégiquement, je suis bien placé pour en profiter.

Peut-on revenir sur votre parcours académique et professionnel ?

Je suis diplômé de l’Hénac (maintenant Hénallux) à Champion, j’ai un Régendat en chimie-biologie. A la suite de mes études, j’ai enseigné deux ans comme professeur de sciences mais j’ai vite eu envie de changement. J’ai répondu à une offre d’emploi de délégué médical en médecine générale et j’ai commencé chez AstraZeneca. Il y avait l’aspect scientifique qui restait et qui me plaisait. J’ai fait ça pendant deux ans puis je suis passé en médecine hospitalière pour terminer au service Marketing. A ce poste-là, j’ai pris conscience de l’importance du « business » et j’ai décidé de faire un Master à horaire décalé en Sciences de Gestion à l’UCL. J’ai terminé en juin 2009 mais un de mes professeurs m’a poussé à continuer dans cette voie en réalisant un MBA de deux ans.

Entre-temps, je suis devenu papa et j’ai changé de boulot. Je suis entré chez Novartis en tant que « Responsable Belgique-Luxembourg » pour ensuite devenir en 2014, « Responsable Marketing Europe-Japon-Chine ». Ma famille et moi avons déménagé en Suisse. Peu après, j’ai été engagé chez Regeneron.

Avez-vous complètement abandonné l’idée d’enseigner ?

Non pas du tout, j’ai gardé un lien avec l’enseignement. J’ai été intervenant d’entreprise à la Business School de l’Université de Strasbourg (EM Strasbourg) pendant quatre ans. J’y donnais les cours de Stratégie d’entreprise et de Marketing. Aujourd’hui, Je suis « Capstone Advisor » c’est-à-dire que je supervise des étudiants qui réalisent un MBA et qui au lieu de rédiger un mémoire classique travaillent sur une problématique pour l’entreprise dans laquelle ils travaillent. Certains créent même leur propre entreprise.

Je suis toujours accroché au métier d’enseignant parce que c’est évidemment « transmettre quelque chose » et surtout ça me permet d’être en contact avec les recrues de demain donc ça me permet de voir comment ils réagissent, pensent … Parfois, ça me conforte, parfois je me prends des claques mais c’est toujours très intéressant car j’apprends aussi beaucoup en les écoutant.

 

Camille Biernaux