C’est toujours, pour une section de formation, une occasion de bonheur de recevoir un grand professionnel de sa discipline.
Ce fut donc un moment heureux que partagèrent les étudiants de la section bibliothéconomie -documentation du département social de Malonne et leurs enseignants conviés à la conférence de Jean-Philippe Accart dont le nom fait autorité dans ce domaine (il est notamment l’auteur de l’ouvrage de référence ‘Le Métier de Documentaliste’ dont on fête la 4e réédition).
Avec la hauteur de vue propre à ceux qui, tout en prise avec le travail de terrain l’intègrent dans la compréhension du monde, ce Français travaillant à Lausanne où il dirige la bibliothèque de la prestigieuse Ecole hôtelière, a conquis par la qualité de ses analyses.
Sans jargon et ‘à même l’étudiant’, il a dressé un état des lieux pertinent de l’importance des métiers de l’information documentation dans les contextes économique, technique et politique de ce début de millénaire.
Et sociétal. Car, si l’information devient pluriforme et proliférante et qu’il y a lieu de la traiter, elle concerne un nombre de plus en plus important d’individus mis à sa portée par les moyens techniques. Avant, la famille et l’école assuraient la formation, se rend-t-on compte qu’Internet et les réseaux sociaux impactent désormais davantage les contenus de savoir et les visions du monde ?
Or, s’il n’y a pas de nouvelles régulées sans journalisme, il n’y a pas non plus d’informations tout court ni de connaissances sans une sélection de données ni sans un traitement approprié et une diffusion maîtrisée de celles-ci. Pour toute donnée, le monde sera toujours plus complexe que ce que les moteurs de recherche nous apportent dans les deux premières réponses de la première page. Pour peu que l’information 
soit traitée de manière spécialiste et libre.
Le caractère crucial de ces métiers se traduit notamment par la prolifération de fonctions professionnelles dont les limites se chevauchent d’ailleurs parfois : veilleur, curateur, knowledge manager, information manager, médiateur numérique. A chaque appellation un corps de tâches, qu’il s’agisse de capturer du contenu, de le sélectionner, de le partager, etc.
Les conseils prodigués par le conférencier ont donc été l’importance de la qualité du cursus de base, de la formation continuée, du sens de l’innovation, de la proactivité et du partage, de l’analyse permanente des enjeux.
Car, et de triste mémoire les tragiques événements parisiens de janvier l’ont montré, pas d’information sans danger car pas d’information qui n’engage ni ne reflète un choix.
A l’heure où chacun d’entre nous est envisagé, sans toujours le savoir, pour son potentiel de data dûment archivés (marques, destinations, consommation, usage de sites, …), il est après tout rassurant de toucher l’origine de ce marquage car le traitement de l’information n’a pas nécessairement vocation marchande. Cependant nous sommes bien au cœur d’un déferlement d’informations (visuelles, sonores, écrites) de toutes natures que l’usage accéléré des web sociaux démultiplie.
Autant les bibliothèques sont à présent espérées comme des espaces d’accueil culturel, ‘troisième lieu’ disent certains concepteurs, après la famille et le milieu du travail (voire l’école), autant la sélection de l’information et son partage est-elle aussi l’enjeu d’une vision nouvelle.
Cette rencontre vivifiante a clairement montré aux étudiants comment ils pouvaient apporter une valeur ajoutée en tant que documentaliste ou bibliothécaire. Assurer des contenus fiables et expertisés et mettre en relation des savoirs mais aussi des personnes et des compétences leur assignent une précieuse perspective d’avenir.
L’ importante Association Belge de Documentation qui présentait l’auteur nous a fait en outre l’honneur d’inaugurer une nouvelle pratique : délocaliser ses rencontres professionnelles dans un cycle de conférences hors-les-murs.
Références à nous partager :
Twitter : @jpaccart
MG